Cami Girard

« PERSONAL IS POLITICAL »
Ma démarche artistique s’articule autour de l’identité intime et politique et la création d’un espace QUEER.
Mon travail est engagé et engageant, politique et militant, sensible et violent.
Les projets sont toujours réalisés en collaboration active avec mes partenaires de vie, qu’iels soient artistes ou non, ou encore lié.e.s par l’adelphité auprès de collectifs militants dont je suis parfois un membre actif ou bien initiat.eu.rice.
Il est primordial pour moi d’être dans une démarche intersectionnelle, multidimensionnelle et inclusive…
Tous ces instants intimes et mots politiques sont archivés par des images, des voix, des écrits etc. Ce sont des moments de vies partagés dans un climat de confiance, ce ne sont pas des modèles qui posent mais bien mes partenaires qui vivent.
J’entretiens des liens étroits avec toutes les personnes qui apparaissent dans mon travail basé sur l’affect comme émotion collective et partageable d’après Isabelle ALFONSI dans Pour une esthétique de l’émancipation.
Iels sont mes ami.e.s, mes amours, mes proches, ma famille. Iels sont Trans, Non binaires, Racisé.e.s, Polya, Gros.ses, Queer et fier.e.s.
Il me tient à cœur de représenter nos diversités grâce à plusieurs médiums tels que la vidéo, la photographie, l’écrit et le son (le tout dans cet espace particulièrement normé qu’est à mon sens le milieu de l’Art et pour lequel ces corps et existences sont bien trop souvent illégitimé.e.s), ou encore de situer mon corps performant, la nuit, dans les rues de cette société oppressive. Mes pièces et dispositifs plastiques ne sont pas uniquement destiné.e.s à un espace de monstration « classique » (cadre muséal, white-cube etc) mais servent aussi à la communication et à la prévention via mes comptes personnels Instagram ou même Twitter.
En inscrivant ces représentations dans ces contextes singuliers, je cherche à ce que chacun.e puisse se reconnaître. Puisqu’en effet, le manque de représentation favorise les difficultés d’identification et donc de construction saine et équilibrée.
Ma démarche est aussi pédagogique et tend à toucher un public non averti et ainsi, le sensibiliser et l’informer quant à nos réalités.
Ma première source reste les témoignages recueillis auprès de personnes concernées. C’est dans cette optique que sont archivées toutes ces expériences de vie qui témoignent de nos existences et réalités, comme l’ont fait Pascal LIEVRE, artiste queer militant et Julie CRENN, commissaire d’exposition, curatrice féministe, avec le projet HER STORY.
Nonobstant, ma pratique s’enrichit également de nombreuses recherches et lectures théoriques en amont, comme outils d’émancipation, telles que Judith BUTLER qui aborde avec intérêt la performativité des genres par les sujets fictifs, Renate LORENZ qui identifie le drag comme étant fragmentable en trois modes : radical, transtemporel et abstrait, Elsa DORLIN philosophe et autrice de « Sexe, genre et sexualités : Introduction à la théorie féministe », ouvrage ayant nourrit mes réflexions identitaires et intimes, Janet HARDY et Dossie EASTON piliers de la déconstruction des relations amoureuses, sexuelles et affectives, Isabelle ALPHONSI dans son ouvrage Pour une esthétique de l’émancipation, préfacé par l’autrice féministe Geneviève FRAISSE, qui rappelle la nécessité de connaître sa lignée artistique, de critiquer l’Histoire de l’Art occidentale du XXsiècle blanche validiste cishétéro centrée pour ainsi construire ses petites histoires de l’Art et mettre en valeur le collectif queer sciemment évincé jusqu’alors.
Ces ouvrages sont importants et nécessaires pour moi à la compréhension et l’observation des évolutions sociétales.
DNA 2020